La guerre en Ukraine a changé la donne et plongé toute l’Europe dans une crise énergétique. Il y a des facteurs que nous ne pouvons plus influencer nous-mêmes: par exemple, dans quelle mesure l’Europe continuera d’être alimentée en gaz russe. Et ils peuvent nous entraîner vers une pénurie d’énergie, une situation dans laquelle la quantité de gaz et d’électricité consommée est plus élevée que ce qui est disponible.
Pourtant, même si tout n’est pas entre nos mains, nous tous et toutes – les autorités, la branche, les associations, les entreprises et l’industrie, les citoyennes et les citoyens – pouvons et devons nous préparer rapidement et le mieux possible au pire et renforcer notre aptitude à affronter les crises. Ne rien faire n’entre pas en ligne de compte et accroît le dommage éventuel. On planche intensivement sur des solutions visant à renforcer la sécurité d’approvisionnement pour l’hiver prochain. À mon avis, cela passe aussi par la création d’un état-major de crise professionnel qui coordonnera les efforts et le savoir-faire, réalisera des analyses de la situation et déposera les demandes correspondantes auprès du Conseil fédéral.
Indépendamment de cela, nous pouvons tous et toutes d’ores et déjà apporter notre contribution, aujourd’hui, en réduisant sans tarder nos besoins en électricité et en gaz. Chaque kilowattheure compte. Non seulement ceux qu’on produit, mais aussi ceux qu’on économise. Sur son site Internet, l’Office fédéral pour l’approvisionnement économique du pays propose des astuces utiles (Guide électricité / Appels à économiser l’énergie). Puis, fin août, la Confédération lancera une vaste campagne de sensibilisation avec d’autres conseils pour économiser l’énergie à destination des entreprises et des particuliers.
Le Conseil fédéral décide, OSTRAL exécute
Si on en arrive tout de même à une pénurie, le Conseil fédéral décide alors des mesures de gestion réglementée qui ont été préparées de longue date et avec professionnalisme dans le secteur de l’électricité. On peut imaginer cela comme ce qui s’est fait pendant la pandémie. La Confédération décide par voie d’ordonnance quelles mesures sont nécessaires pour faire face à une situation de crise concrète. Par exemple, elle a décidé de l’obligation du port du masque, et les cantons, les communes, les entreprises et la population ont mis en œuvre cette mesure. Ce serait la même chose dans une situation de pénurie d’électricité: la Confédération décide, et la branche de l’électricité, les entreprises et la population mettent en œuvre.
Afin de remplir ce mandat de mise en œuvre, l’Association des entreprises électriques suisses a créé OSTRAL il y a 30 ans déjà. OSTRAL, c’est l’Organisation pour l’approvisionnement en électricité en cas de crise, et c’est une commission de l’AES.
Restrictions de consommation et contingentement afin d’éviter des délestages
Dans le meilleur des cas, tous nos efforts permettront d’éviter une situation OSTRAL – c’est-à-dire la pénurie. Si nous n’y parvenons pas, les «mesures OSTRAL» entrent en jeu, avec pour objectif de réduire la consommation afin de garantir l’équilibre entre l’offre et la demande à un niveau réduit. Le principe suivant s’applique: d’abord les mesures les plus légères, puis, progressivement, des mesures plus sévères. C’est le Conseil fédéral qui décide quelles mesures sont requises, toujours en fonction de la situation concrète de crise et des besoins d’économies estimés.
Avec les appels à économiser volontairement l’énergie, les restrictions de consommation des applications non vitales et énergivores, et le contingentement des gros consommateurs (réduire la consommation d’électricité d’une certaine quantité pendant une période donnée), le Conseil fédéral dispose de mesures permettant d’influencer la consommation et dont le potentiel d’économies est d’environ 30%. Si cela ne suffit pas, le Conseil fédéral doit recourir à la mesure de dernier ressort: les délestages cycliques. La Suisse a sciemment choisi le contingentement comme mesure afin d’éviter des délestages de réseau. D’autres pays, par exemple la France, passent directement aux délestages de réseau.
OSTRAL et la branche se préparent
Dès l’automne 2021, OSTRAL a informé tous les gros consommateurs d’électricité qu’une pénurie d’électricité était possible. Elle leur a notamment communiqué les mesures éventuelles que le Conseil fédéral pourrait édicter, ainsi que les procédures concernant leur mise en œuvre. De nombreux gestionnaires de réseau de distribution sont depuis lors en contact avec leurs gros consommateurs et les aident à se préparer de leur propre initiative à une pénurie d’électricité.
En collaboration avec les gestionnaires de réseau de distribution, OSTRAL a informé, jusqu’à présent, différentes associations économiques et sectorielles, et organise des formations et des cours. Depuis novembre 2021, de nombreux événements ont été et seront encore organisés pour les associations économiques, telles que Swissmem.
Les retours des formations sont positifs. Et, de manière générale, OSTRAL reçoit de nombreuses demandes depuis l’information aux gros consommateurs transmise à l’automne dernier. Cela montre que le risque est pris au sérieux. Le message qui incite à se préparer à une crise a atteint sa cible. Par ailleurs, OSTRAL réexamine en profondeur ses processus internes.
Au pire, on est préparé; au mieux, on renforce notre aptitude à affronter les crises
Pour l’instant, nous nous trouvons encore en situation normale. Il serait erroné de tomber maintenant dans l’alarmisme. Mais cela ne veut pas dire que nous ne devons pas prendre la situation très, très au sérieux. La branche de l’électricité aborde la situation avec le respect nécessaire. Elle apporte sa contribution et procède aux préparatifs requis avec professionnalisme et prévoyance afin de pouvoir mettre en œuvre les décisions du Conseil fédéral si le pire survient.
La société, l’économie et l’administration seraient toutes, sans exception, touchées par une pénurie d’électricité et nous pouvons, tous et toutes, contribuer à surmonter cette crise: on a besoin de tout le monde. Utilisons le temps à disposition pour faire avancer nos préparatifs. Si le pire arrive, nous serons contents de l’avoir fait; et dans le meilleur des cas, nous aurons renforcé notre aptitude à affronter les crises.
