N’oublions pas l’artère vitale

Le principe vaut également dans un système énergétique renouvelable: sans réseaux, pas d’électricité. Ils sont l’artère vitale de l’approvisionnement en énergie et doivent répondre aux besoins en mutation de la transition énergétique. Comme pour la production, une planification prospective et des investissements à long terme sont nécessaires ici aussi.
24.03.2022
Wer an der Netzfinanzierung herumschraubt, schraubt an der Versorgungssicherheit.

Ces dernières semaines, tout le monde est d’accord: disposer d’un approvisionnement électrique largement indépendant, sûr et durable est important et précieux. La sécurité d’approvisionnement n’est plus une simple évocation en marge du débat public. De nombreuses recettes circulent sur la façon dont la Suisse pourra atteindre ses objectifs énergétiques et climatiques. L’accent est mis sur une production d’électricité indigène renouvelable suffisante – soit, sans aucun doute, une partie importante. Mais l’artère vitale – c’est-à-dire les réseaux – en revanche, est éhontément occultée. C’est pourtant clair: sans réseaux, pas d’électricité. Faire tourner la production à plein régime ne servira à rien si nous ne pouvons pas transporter le courant là où il est consommé. L’électricité et le réseau sont interdépendants.

Notre réseau mis en place ces 150 dernières années est d’une qualité exceptionnelle: en moyenne, il ne tombe en panne qu’environ 20 minutes par an. On nous envie pour cela. C’est grâce aux 1,2 milliard de francs (en moyenne) qui sont investis chaque année dans le système énergétique actuel pour les réseaux électriques – et ce, rien que pour l’entretien. Continuer comme ça? Qui croit que cela est possible se trompe amèrement! La transformation profonde du système énergétique nécessite une infrastructure de réseau qui réponde aux nouvelles exigences en mutation. Maintenir ne suffit pas. Nous devons adapter, moderniser et, si besoin, étendre les réseaux. C’est purement et simplement la réalité si nous voulons atteindre les objectifs énergétiques et climatiques. Une réalité qui ne s’obtient pas gratuitement.

Une adaptation du WACC axée sur le marché monétaire aurait ôté toute sécurité dans les investissements qui doivent être réalisés dans les réseaux.

Ce qu’on recherche, c’est une réflexion à long terme et des conditions-cadre appropriées pour des investissements à fort coefficient de capital. Les investisseurs et les investisseuses ont besoin de sécurité, telle que des intérêts stables et justes. Le taux d’intérêt calculé du capital investi fixé par la Confédération pour le capital lié dans le réseau électrique (ou WACC: Weighted Average Cost of Capital) offre cette sécurité. Et c’est justement pour ce taux d’intérêt si important pour les investisseurs et les investisseuses – dont font aussi partie, du reste, des caisses de pension et, de ce fait, notre épargne – que la Confédération a envisagé un calcul plus proche du marché, ce qui équivaudrait à une baisse des intérêts.

Certains acteurs de l’économie et la Surveillance des prix, autorité suprême, ont défendu il y a peu une baisse du WACC, car celui-ci a aussi une influence sur les prix de l’électricité. Le WACC est l’une des trois composantes des coûts du réseau. Les coûts du réseau représentent une part significative du prix de l’électricité. Mais le Conseil fédéral a communiqué récemment, à raison, qu’il laissait le WACC inchangé à 3,83% pour l’année tarifaire 2023. C’est une bonne nouvelle. L’AES avait mis en garde avec insistance contre un nouveau calcul. Adapter le WACC en l’axant sur le marché serait revenu à marquer un autogoal. Une adaptation du WACC axée sur le marché monétaire aurait ôté toute sécurité dans les investissements qui doivent être réalisés dans les réseaux.

Jouer avec le financement des réseaux, c’est jouer avec la sécurité d’approvisionnement.

Ainsi, espérons-le, les éventuels plans de modification du calcul de la rémunération sont définitivement enterrés. Jouer avec le financement des réseaux, c’est jouer avec la sécurité d’approvisionnement. Le Conseil fédéral, au moins, a désormais reconnu cela. Par sa décision de ne pas toucher au WACC, il garde le cap de la stratégie énergétique et climatique. Le réseau électrique est à la fois le pilier et la condition sine qua non de l’approvisionnement en énergie renouvelable et de l’électrification, cette dernière étant imposée par l’objectif zéro émission nette. Il est temps que nous donnions aux réseaux l’importance qu’ils revêtent en réalité pour la sécurité d’approvisionnement.