Vers la neutralité climatique grâce à l'électricité: le guide de l'AES renforce le reporting ESG et le bilan carbone dans le secteur énergétique suisse

22.05.2025
L'AES calcule désormais la teneur en CO₂ de l'électricité réellement consommée en Suisse – autrement dit, celle «à la prise». Ce nouvel indicateur constitue une base essentielle pour le bilan climatique des entreprises. En parallèle, elle met à disposition des entreprises d'approvisionnement en énergie (EAE) un guide pratique dédié au reporting climatique et à la décarbonation. Objectif: harmoniser les méthodes de bilan carbone et accompagner efficacement les acteurs du secteur dans la mise en œuvre de leurs objectifs climatiques.

Avec l'adoption de la Loi sur le climat et l'innovation par le peuple suisse le 18 juin 2023, la Suisse s'est engagée à atteindre la neutralité carbone d'ici 2050. Cet objectif façonne désormais les politiques énergétique et climatique du pays. L'AES soutient cette ambition en fournissant des données fiables et des outils concrets pour aider les entreprises à avancer sur la voie de la décarbonation.

L'AES calcule désormais la teneur en CO₂ de l'électricité en Suisse et fournit à la branche une base de données actualisée, transparente et fiable – en particulier pour le reporting climatique. Elle permet ainsi un suivi continu de la teneur en CO₂, avec une analyse rétrospective de son évolution et l'élaboration de prévisions fiables. Cette offre vient compléter les données officielles publiées par la Confédération, qui ne sont généralement mises à jour que tous les trois à quatre ans.

Méthodologie de calcul du CO₂ de l'électricité

L'AES calcule la teneur en CO₂ de l'électricité effectivement consommée en Suisse – c'est-à-dire à la prise. Cette valeur constitue un indicateur clé pour le reporting climatique des entreprises et des autorités.

Le calcul s'appuie sur des données publiques horaires relatives à la production nationale, tout en tenant compte des échanges commerciaux d'électricité (importations et exportations). Cette approche permet une estimation réaliste de la teneur en CO₂ du mix de consommation. Sont intégrées à la fois les émissions directes (Scope 1) et les émissions amont (Scope 3).

La teneur en CO₂ dépend fortement de la quantité et de la composition de l'électricité importée. En comparaison, la production nationale affiche une empreinte carbone nettement plus faible, grâce à la forte part d'hydroélectricité, à l'énergie nucléaire et au développement continu du photovoltaïque. 

Évolution depuis 2016: une baisse continue avec quelques exceptions

L'analyse de la période 2016–2024 révèle une tendance claire à la baisse du facteur d'émission: d'environ 155 g CO₂eq/kWh en 2016, il est passé à environ 55 g CO₂eq/kWh en 2024. Cette évolution s'explique principalement par la réduction de l'utilisation des énergies fossiles dans les pays voisins et par le développement continu des énergies renouvelables, en Suisse comme à l'étranger. Les sources d'électricité renouvelables contribuent de manière significative à améliorer le bilan carbone de l'électricité consommée.

Cette tendance positive a toutefois été temporairement interrompue en 2021 et 2022. Durant ces deux années, le facteur d'émission a temporairement grimpé jusqu'à 130 g CO₂eq/kWh, en raison d'importations exceptionnelles d'électricité allemande issue de centrales à charbon et à gaz. Ces importations ont été rendues nécessaires par l'indisponibilité simultanée de plusieurs centrales nucléaires françaises. Au total, 26,4 TWh d'électricité, en grande partie d'origine fossile, ont été importés chaque année pendant cette période.

Cette évolution est illustrée dans la figure suivante, qui présente les émissions de gaz à effet de serre du mix de consommation suisse entre 2016 et 2024.

Perspectives: opportunités et défis

La composition de l'électricité importée joue un rôle déterminant dans le bilan carbone de l'électricité en Suisse. Une augmentation de la production nationale à partir de sources renouvelables permettrait non seulement de réduire la dépendance énergétique, mais aussi d'améliorer significativement le bilan climatique de la consommation d'électricité des ménages et des entreprises.

Dans le cadre de sa stratégie «Avenir énergétique 2050», l'AES élabore divers scénarios d'évolution du facteur d'émission. Ceux-ci intègrent les futurs développements législatifs – notamment la mise en œuvre de la nouvelle loi sur l'électricité et un éventuel accord avec l'UE  – et prennent en compte la hausse attendue de la demande due à l'électrification, à la numérisation et à la transition thermique. Le développement des énergies renouvelables est au cœur de cette démarche.

Un guide pour les EAE: vers un bilan carbone harmonisé et transparent

Avec l'essor du reporting ESG, les entreprises d'approvisionnement en énergie sont de plus en plus tenues de mesurer et de communiquer leurs émissions de gaz à effet de serre de manière rigoureuse et transparente. Or, l'AES constate actuellement une grande hétérogénéité des pratiques et l'utilisation fréquente de données obsolètes dans le secteur.

Pour y remédier, elle élabore un guide pratique visant à harmoniser les méthodes de calcul du bilan carbone, à répondre aux enjeux spécifiques du secteur et à accompagner aussi bien les entreprises débutantes qu'expérimentées dans leur reporting climatique.

La première partie du guide, dédiée à la comptabilisation des émissions de gaz à effet de serre, sera publiée début septembre. Parallèlement, l'AES prépare des recommandations pour soutenir les EAE dans l’atteinte de l'objectif zéro émission nette.