Comme des roues dentées

15.05.2023
Le 18 juin 2023, nous voterons sur la Loi sur le climat. Il s’agit de la prochaine étape importante sur la voie de l’avenir de notre système énergétique.

L’énergie et le climat sont intrinsèquement liés. Notre consommation d’énergie encore majoritairement basée sur des énergies fossiles – est l’une des principales causes du changement climatique. En fixant nos objectifs de politique climatique, nous déterminons donc l’orientation et l’ampleur des mesures à prendre dans le domaine énergétique.  

Fin avril 2023, l’UE a pris les devants avec son grand paquet climatique «Fit for 55». Elle va ainsi continuer de mettre les grands moyens afin de transformer son approvisionnement énergétique. En Suisse, on a tracé la voie dans les urnes en 2017, avec la Stratégie énergétique 2050. Il s’agit maintenant d’ajuster le tir et surtout de monter en puissance. L’étude de l’AES «Avenir énergétique 2050» le montre très clairement: la transformation du système énergétique réduit d’un facteur 4 à 6 la dépendance envers les importations d’énergie. Le système énergétique transformé est globalement plus efficace. Il revient donc même moins cher que le statu quo. Effet collatéral bienvenu: si la Suisse poursuit sur cette voie avec résolution, la collaboration avec l’UE établie avec succès grâce au couplage des systèmes de négoce de quotas d’émission devrait pouvoir être poursuivie. Autrement, faute d’ambitions comparables, la Suisse risquerait d’être confrontée à de nouvelles barrières commerciales, barrières que l’UE érige par rapport à des États tiers avec son nouveau mécanisme de compensation des émissions de CO2 aux frontières afin d’éviter les «fuites de carbone». 

En prescrivant explicitement l’objectif zéro émission nette pour 2050, nous permettons à tous les acteurs d’y voir clair dans leurs décisions d’investissement.

En prescrivant explicitement l’objectif zéro émission nette pour 2050, nous permettons à tous les acteurs d’y voir clair dans leurs décisions d’investissement. En effet, les investissements d’aujourd’hui dans les installations et les infrastructures laisseront leur empreinte pour des décennies. À l’avenir, ces décisions d’investissement vont inévitablement dans le sens d’une électrification. Suite à la décision de principe sur l’objectif climatique, il faudra donc agir d’autant plus rapidement au niveau de la politique énergétique pour garantir l’approvisionnement: laugmentation de la production à partir d’énergies renouvelables devra être accélérée et l’efficacité énergétique améliorée; quant aux réseaux, il faudra les transformer et les étendre de manière ciblée. Lintense échange dénergie avec lEurope est en outre indispensable, il portera à lavenir non seulement sur lélectricité, mais dans un but de diversification également sur lhydrogène. 

De premières décisions urgentes en matière de politique énergétique ont été prises. Avec le «Mantelerlass», le Parlement est sur la bonne voie; d’autres projets vont suivre, allant espérons-le jusqu’à un accord sur l’énergie avec l’UE. Politique climatique et politique énergétique ne sont donc pas antinomiques, bien au contraire: elles sont étroitement imbriquées comme des roues dentées et s’entraînent mutuellement. Enclenchons la machine le 18 juin avec la politique climatique, puis embrayons sur la politique énergétique. 

Responsable Affaires publiques à l’AES

Dominique Martin

À la rubrique «La plume politique», Dominique Martin publie régulièrement ses commentaires et ses appréciations sur des thèmes de politique énergétique.

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