C’est à Hagneck, où le canal de l’Aar se jette dans le lac de Bienne, que la société anonyme «Elektrizitätswerk Hagneck», ancêtre de BKW Energie SA, a construit il y a 110 ans sa première grande centrale. Celle-ci est considérée comme le «berceau» de l’entreprise énergétique bernoise. En 2015, la nouvelle centrale de Hagneck a ouvert ses portes sur ce site historique. Avec sa production d’énergie de 110 gigawattheures, elle apporte une importante contribution à l’approvisionnement de la région du Seeland en énergie renouvelable indigène. Des mesures considérables pour protéger les poissons ont néanmoins été nécessaires pour que le projet puisse voir le jour.
Novateur: canaux de contournement et débits d’attraction
Parmi les principaux aspects de la revalorisation écologique à Hagneck, on trouve l’amélioration de la migration des poissons: grâce à deux canaux semi-naturels dotés de débits d’attraction, les poissons sont véritablement canalisés dans la «bonne» direction. La conception des échelles à poissons, qui se présentaient jusqu’ici comme des sortes d’escaliers, a été revue à la lumière des nouvelles connaissances et se présente sous forme de canaux de contournement semi-naturels. L’ancienne et la nouvelle partie de la centrale possèdent ainsi chacune leur propre canal de contournement qui ressemble à un torrent nivelé. Les deux cours d’eau se rejoignent avant que leurs eaux gagnent le canal situé en amont. Par ailleurs, la société Bielersee Kraftwerke AG (BIK) procède à la renaturation du cours d’eau en aval et a créé une zone alluviale de près de 20 000 m². Au total, les dépenses de valorisation écologique se sont élevées à 15 millions CHF, soit environ 10% du montant total du projet.
Peut-être aussi des saumons, un jour?
Les experts piscicoles espèrent apercevoir un jour aussi des saumons dans le bassin de comptage. Avant la construction des centrales sur le Rhin et l’Aar, le saumon remontait depuis la mer jusque dans le lac de Thoune. Mais entre Bâle et Hagneck, il subsiste aujourd’hui encore un certain nombre d’obstacles insurmontables. La montaison (migration des poissons vers l’amont) au niveau de la nouvelle centrale doit néanmoins être accessible aux saumons – après tout, la concession est accordée pour les 80 prochaines années. Au total, les canaux de contournement avalent pour les poissons 4,6 mètres cubes d’eau par seconde – de l’eau qui ne peut pas servir à produire de l’électricité. Selon Thomas Richli, responsable de projet chez BIK, cette quantité pourrait permettre de produire du courant électrique pour au moins 1000 ménages supplémentaires. Si cela n’est pas vraiment profitable pour la rentabilité de la centrale, les poissons, eux, s’en réjouissent: «La migration des poissons vers l’amont est grandement améliorée», confirme le canton.
La dévalaison (migration des poissons vers l’aval) est, elle, plus difficile pour les poissons. En effet, seuls peu d’animaux utilisent le canal de contournement aussi dans la direction inverse: la majorité d’entre eux choisit, bon gré, mal gré, la voie passant par les turbines. Les systèmes de «barrières» ne peuvent guère empêcher cela – et des grilles à mailles resserrées s’engorgeraient immédiatement. C’est pourquoi Hagneck utilise désormais des turbines «ichtyophiles» (ou «fish-friendly»), aux bords arrondis, qui ne tournent que 115 fois par minute. Les pertes ne peuvent pas être complètement évitées – mais la protection de la nature donne à Hagneck sa bénédiction: «Les mesures prévues permettent de réduire largement l’impact sur la nature. Là, on a réellement fait des efforts», déclare Rosmarie Kiener, directrice de la section bernoise du WWF, louant le projet. Les objections que les organisations de protection de la nature et l’environnement avaient fait valoir dans leur opposition ont été largement prises en compte. «Maintenant, la nouvelle centrale peut produire davantage de courant électrique tout en ayant un impact moindre sur l’environnement.»