S’unir pour réussir la percée

À l’occasion de la première Conférence suisse de la mobilité électrique, le 13 juin 2023, des représentantes et représentants des branches de l’énergie et de l’automobile ont débattu, avec des personnes issues de la recherche et de l’économie, de ce qui est nécessaire pour aider l’électrification des transports, en plein essor, à percer définitivement. L’événement était organisé par les trois associations AES, Swiss eMobility et auto-suisse.
13.06.2023
Michael Frank (VSE), Andreas Burgener (auto-schweiz) und Krispin Romang (Swiss eMobility) (v. l.).

La coopération des trois associations n’est pas un hasard, comme l’ont expliqué le directeur de l’AES Michael Frank, le directeur de Swiss eMobility Krispin Romang et le directeur d’auto-suisse Andreas Burgener en introduction. En effet, les trois chefs d’association ont tout d’abord revendiqué, chacun à leur tour, détenir LA compétence pour mener la mise en œuvre de l’électrification des transports, qui fait partie des tâches de leurs associations respectives. «Nous sommes prédestinés, car nous savons faire de l’électromobilité», tel est le message qui a donc résonné trois fois de suite dans la salle. Toutefois, ils ont tous trois assez rapidement reconnu que les connaissances et le savoir-faire des deux autres associations pouvaient aussi faire avancer l’électrification. Et le thème des «interfaces» a fini de convaincre Michael Frank, Krispin Romang et Andreas Burgener qu’un tel projet serait beaucoup plus facilement, précisément et – surtout – rapidement réalisable s’ils unissaient leurs forces.

Truffée de divers exposés sur toute la palette de thèmes touchant à l’électromobilité – tests pour la recharge bidirectionnelle, production, exploitation et recyclage des batteries, ou encore possibilités d’investissement dans l’électromobilité –, la première manifestation de ce genre a offert une vue d’ensemble complète de l’état des choses en matière de décarbonation et d’électrification des transports. Elle a par ailleurs montré sur quels leviers il restait à agir et où les associations pouvaient insister encore davantage sur les besoins de leur branche.

Une table ronde animée

Dans une table ronde présentée par Reto Brennwald, les deux conseillers nationaux Jürg Grossen, président du PVL venant du canton de Berne, et Benjamin Giezendanner (UDC/AG) ont discuté des défis actuels avec Claudia Meyer, Managing Director chez Renault Suisse SA, et Martin Schwab, CEO de CKW. Claudia Meyer a qualifié le manque d’infrastructure de recharge de «l’une des plus grandes difficultés pour sa branche»: «Il faut davantage de bornes de recharge rapide et de possibilités de recharge dans l’espace privé. C’est une condition préalable pour qu’une majeure partie des gens passent aux véhicules électriques.» Benjamin Giezendanner, propriétaire d’une entreprise de transports, s’est montré plus basique: «D’où viendra toute l’électricité dont nous avons besoin pour les transports électrifiés?» «Des nouvelles énergies renouvelables», a répliqué Jürg Grossen, qui préside à la fois Swiss eMobility et Swissolar. «Nous devons changer notre mode de pensée, et non couler dans le ciment ce qui existe. Il n’y a tout simplement aucune alternative à l’électromobilité.»

Jürg Grossen, Benjamin Giezendanner, l'animateur Reto Brennwald, Claudia Meyer et Martin Schwab (de gauche à droite).

«Le droit à la recharge», version révisée

Martin Schwab, membre du Comité de l’AES, a souligné que la production n’augmentait toujours pas assez pour cela. «À quoi sert une offensive solaire qui n’est valable que jusqu’en 2025 si, à cause des diverses possibilités de recours, nous faisons face à des durées de projet de 18 ans ou plus, ne serait-ce que pour les petites centrales?» Personne, autour de la table, n’a contesté que les transports décarbonés nécessiteront beaucoup plus d’électricité. Évidemment, avec ses craintes quant à une explosion des coûts, Benjamin Giezendanner faisait cavalier seul. «Les véhicules propulsés par batterie électrique sont moins chers que les véhicules à combustible», a déclaré Martin Schwab. Mais il a également concédé que le réseau devrait être massivement transformé et étendu pour pouvoir satisfaire aux exigences de la production décentralisée. «Sans cela, rien n’est possible – même si on doit y investir des milliards.»