Sortons de l’impasse climatique!

La possibilité de s’opposer aux projets énergétiques est inhérente à notre système juridique. Ce dernier crée ainsi une dynamique qui bloque les projets pendant des années et finit par les amputer, voire les tuer dans l’œuf. Cela mène le climat dans une impasse.
18.02.2022

On a appris récemment que seules quatre des six éoliennes prévues au Grenchenberg pourront être construites. La raison? Un couple de faucons pèlerins, dont le site de nidification se trouve à quelques centaines de mètres de deux des six turbines.

Au vu du défi colossal de la décarbonisation, cette anecdote peut ressembler à une mauvaise blague. Pourtant, elle symbolise notre système juridique actuel. Celui-ci ouvre la porte à de nombreuses possibilités de s’opposer aux projets énergétiques pour les personnes concernées et les organisations habilitées à recourir. Poser des questions critiques, c’est leur droit. Or, trouver un projet exempt de tous risques ou de quelconques répercussions négatives qu’il s’agirait d’examiner semble peu vraisemblable... C’est pourquoi on ne peut pas se défaire de l’impression qu’avec le temps s’est installé un cycle bien huilé d’élaboration de la législation, d’adjudication de mandats et d’établissement d’expertises qui, par sa propre dynamique, bloque la plupart des projets pendant des années et finit par les amputer, voire les tuer carrément dans l’œuf.

Une accélération des procédures tombe à pic. Il faut enfin permettre de réels progrès.

Il manque une vision plus générale qui mette dans la balance tous les intérêts sociétaux, et il manque des procédures de planification et d’autorisation rapides du côté des autorités et des tribunaux, afin de pouvoir au moins aboutir à une décision claire dans un délai utile. En l’état, la protection du climat au moyen des énergies renouvelables n’avance pas. Au contraire, les vieilles discussions sur le gaz et le nucléaire s’embrasent de nouveau – et on pourrait même assister à un retournement de situation qui aboutirait à faire primer l’intérêt de la production énergétique sur les autres intérêts, y compris dans les zones protégées. Si on en reste à l’actuel parcours du combattant et à la lenteur lancinante, il ne serait pas surprenant que ces tendances finissent par s’imposer, étant donné l’impérieuse nécessité de garantir un approvisionnement en électricité sûr.

La consultation tout juste ouverte par le Conseil fédéral sur l’accélération des procédures tombe donc à pic. Il faut maintenant passer ce projet au crible: il doit enfin permettre de RÉELS progrès dans le développement des énergies renouvelables. Poursuivre sur la voie actuelle maintiendrait les blocages et mènerait le climat dans une impasse.

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La plume politique

À la rubrique «La plume politique» du magazine de la branche Bulletin, Dominique Martin, Responsable Affaires publiques à l’AES, publie régulièrement ses commentaires et ses appréciations sur des thèmes de politique énergétique.