Juger sur pièces

Juste avant Noël, d’importants acteurs ont signé une déclaration commune sur l’hydraulique. Ceci équivaut-il enfin à un feu vert pour les grands projets en suspens?
19.01.2022

Les bonnes nouvelles ne courent pas les rues ces derniers temps. Pourtant, juste avant Noël, il en est une, prometteuse, qui s’est propagée: d’importants acteurs du secteur de l’hydraulique auraient signé une déclaration commune. Sont-ils donc enfin tous d’accord sur le destin de l’hydraulique? Non, pas tout à fait. L’une des ONG participantes, la Fondation suisse pour la protection et l’aménagement du paysage, a refusé d’apposer sa signature.

Ne pas avoir signé – contrairement au WWF, à Pro Natura, à la Fédération Suisse de Pêche, aux cantons et à la branche de l’électricité – une déclaration non contraignante constitue davantage qu’un petit défaut de fabrication. La signature manquante en dit long: un désaccord fondamental divise le camp des environnementalistes, et il est clair que certains de ses représentants – non seulement la Fondation suisse pour la protection et l’aménagement du paysage, mais aussi d’autres tels qu’Aqua Viva et BirdLife – continueront de mettre des bâtons dans les roues des énergies renouvelables. De toute évidence, ils sont prêts à torpiller ainsi la mise en œuvre de la Stratégie énergétique 2050, qu’ils ont pourtant soutenue. Par cette attitude, ils favorisent le retour en force d’autres technologies non renouvelables telles que le gaz et le nucléaire pour combler les lacunes hivernales grandissantes.

Sans pesée globale des intérêts, sans la volonté de toutes les parties impliquées de se projeter un peu plus loin, le «zéro émission nette» en 2050 ne restera qu’une fiction.

On ne le rappellera jamais assez: si nous continuons au même rythme, il faudra attendre 100 ans pour que suffisamment d’énergie renouvelable soit disponible. Sans pesée globale des intérêts, sans la volonté de toutes les parties impliquées de se projeter un peu plus loin, le «zéro émission nette» en 2050 ne restera qu’une fiction. Telle est la réalité.

Ainsi, la déclaration de la table ronde Hydraulique ne vaut-elle pas plus que le papier sur lequel elle est rédigée? Nous n’irions pas jusque-là. La branche de l’électricité a conscience que seul un énorme effort collectif nous permettra de réussir la mise en œuvre de la stratégie énergétique. Par sa signature, notre branche témoigne de son engagement en faveur de la biodiversité et du paysage. Maintenant, au camp des environnementalistes de faire son aggiornamento et d’enfin prendre en compte la situation dans son ensemble. En protégeant le climat au moyen des énergies renouvelables, nous pouvons rendre à la biodiversité un service vital. Au bout du compte, pour savoir ce que vaut réellement cette déclaration commune, il faudra donc juger sur pièces.

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La plume politique

À la rubrique «La plume politique» du magazine de la branche Bulletin, Dominique Martin, Responsable Affaires publiques à l’AES, publie régulièrement ses commentaires et ses appréciations sur des thèmes de politique énergétique.