Avec bon sens

Plume politique 11/2018
01.11.2018

«Les pylônes géants de Swissgrid provoquent une très haute tension», titrait récemment le Matin Dimanche à propos de l’atmosphère qui règne en Valais. L’indignation dans la société et le débat politique à propos de la ligne aérienne à très haute tension entre Chamoson et Chippis, autorisée par le Tribunal fédéral, montrent que la mise en œuvre de projets de lignes est tributaire de l’acceptation par la population même lorsque le cadre juridique est clair.

Il reste toutefois incontournable d’adapter en temps utile le réseau électrique suisse aux exigences de notre époque. La Stratégie Réseaux électriques a pour but d’améliorer l’acceptation et la sécurité juridique grâce à des critères clairs et compréhensibles, par exemple sous la forme du facteur de surcoût. Celui-ci prévoit que les lignes du réseau de distribution doivent être réalisées sous forme de câbles dans la mesure où cela est possible du point de vue de la technique et de l’exploitation, pour autant que les surcoûts ne dépassent pas une limite raisonnable.

Pour que le bon réseau puisse être disponible au bon moment, il faut une mise en œuvre réaliste de la Stratégie Réseaux électriques et un facteur de surcoût déterminé avec bon sens.

La mise en œuvre concrète de la Stratégie Réseaux électriques déterminera les progrès qui pourront réellement être accomplis sur le terrain. De nouveaux tracas s’annoncent cependant déjà à travers la réglementation du facteur de surcoût proposée au niveau de l’ordonnance. Dans les zones urbaines, les lignes sont déjà largement enfouies en raison des préférences sociétales et des exigences en matière d’aménagement du territoire. Le facteur de surcoût de 1,75 tel que proposé entraînerait un renversement de tendance absurde en faveur des lignes aériennes. On voit d’ici le tollé que cela provoquerait auprès des riverains, des commerçants et des autorités concernés, avec pour conséquence des altercations épuisantes.

Plutôt que de revenir en arrière, il s’agit d’adopter une approche réaliste: là où la question du choix de variante ne se pose pas, cela doit rester ainsi. À cet effet, le facteur de surcoût doit être fixé à 3,0 pour les zones urbaines. De plus, les mesures de maintenance et de remplacement des lignes câblées existantes doivent être exemptées de l’examen du facteur de surcoût, tout comme les raccordements domestiques et les conduites d’alimentation, qui sont généralement de toute façon déjà enfouis. Devoir élaborer systématiquement des variantes pour de tels projets serait aussi fastidieux que coûteux et complexifierait les procédures au lieu de les accélérer, sans pour autant faire avancer ne serait-ce que d’un seul pas l’acceptation sociétale des projets.

Pour que le bon réseau puisse être disponible au bon moment, il faut une mise en œuvre réaliste de la Stratégie Réseaux électriques et un facteur de surcoût déterminé avec bon sens.

Voir également


La plume politique

À la rubrique «La plume politique» du magazine de la branche Bulletin, Dominique Martin, Responsable Affaires publiques à l’AES, publie régulièrement ses commentaires et ses appréciations sur des thèmes de politique énergétique.