Récemment, une initiative populaire visant notamment à supprimer des interdictions de technologies a été présentée. Des interdictions de technologies? Dans le contexte actuel, celles-ci semblent effectivement peu judicieuses... Il vaut par conséquent la peine de réfléchir quelques instants à leur suppression.
Quelques instants – mais pas plus, car nous n’en avons aujourd’hui ni le temps, ni… l’énergie. En effet, cette question détourne l’attention des mesures beaucoup plus urgentes à prendre immédiatement pour garantir la sécurité d’approvisionnement à court et moyen terme.
Tout d’abord, il s’agit de produire rapidement des quantités d’électricité supplémentaires pour cet hiver, comme c’est le cas des centrales de réserve à gaz ou au pétrole présentées par le Conseil fédéral. Il faut aussi économiser de l’énergie de manière déterminée et, en cas de pénurie d’électricité, prendre des mesures pouvant aller jusqu’à des restrictions et des interdictions, des contingentements et en dernier recours des délestages par rotation. Ces mesures de gestion réglementée définies par le Conseil fédéral ont pour objectif de maintenir le fonctionnement, même restreint, de l’économie et de la société dans une situation de crise. Il s’agit ainsi de tout faire pour éviter une panne générale du système d’approvisionnement en électricité de longue durée et de grande ampleur, car celle-ci aurait des conséquences imprévisibles pour l’économie et la société.
Parallèlement, le développement des énergies renouvelables indigènes doit progresser rapidement, car l’hiver à venir ne sera pas le dernier… Les renouvelables ne sont pas de la musique d’avenir, mais bel et bien déjà réalité. Les projets sont prêts, construisons-les! Ce sont précisément le photovoltaïque alpin, l’hydraulique et l’éolien qui sont décisifs pour l’approvisionnement hivernal. En complément, il faudrait pouvoir rapidement lancer des appels d’offres pour de la production d’électricité et de chaleur supplémentaire climatiquement neutre et disponible sur appel en hiver. Malgré le recours à court terme à des centrales à gaz ou à pétrole, il est ainsi possible de maintenir l’objectif de protection du climat et de réduction de la dépendance à l’énergie fossile.
Tout ceci nous procure déjà bien assez de sujets de discussion. Menons chaque débat en son temps! Ici et maintenant, il s’agit de garantir un approvisionnement sûr à moyen terme et de passer ces prochains hivers sans dommage – whatever it takes.
La plume politique
À la rubrique «La plume politique» du magazine de la branche Bulletin, Dominique Martin, Responsable Affaires publiques à l’AES, publie régulièrement ses commentaires et ses appréciations sur des thèmes de politique énergétique.