Pas d’examens «au rabais»

Pour la deuxième année consécutive, les procédures de qualification (PQ) des électricien-nes de réseau se déroulent dans des conditions plus difficiles. Si les examens écrits et oraux ont été supprimés en 2020, les évaluations pratiques ont bien eu lieu, à la satisfaction générale.
07.04.2021
Halle d’exercices Cifer. (Figure: Luc Venditti)

L’année dernière aura marqué la plus grande crise sanitaire, économique et sociale depuis les cent dernières années. Tout le monde a été touché, que ce soit au niveau privé, professionnel ou scolaire. La branche électrique n’a pas été épargnée. Il a fallu garantir le bon fonctionnement du réseau, tout en assurant la relève dans le cadre de la formation.

Les électriciens de réseau sont la garantie de la durabilité dans le secteur de l’électricité. En Suisse romande, c’est Cifer qui prend en charge les cours préparatoires. Au cours d’une formation de 3 ans, les candidats au titre d’électricien-ne de réseau apprennent à maîtriser différentes activités et comportements nécessaires à l’obtention de leur certificat fédéral de capacité (CFC).

Des conditions régionales différentes

En préambule, il convient de rappeler que lors de la première vague Covid, la Romandie, comme le Tessin, n’a pas vécu les mêmes problématiques que les autres régions helvétiques. Les cas et hospitalisations étaient significativement plus élevés dans ces cantons, ayant logiquement pour conséquence des décisions sanitaires plus contraignantes.

Dans le canton de Vaud, c’est la Dgep (Direction générale de l’enseignement postobligatoire) qui a transmis les règles sanitaires cantonales en vigueur, suscitant «une certaine incompréhension de la part des collègues suisses alémaniques» selon Jean Autier, responsable du développement organisationnel à Cifer. Les conséquences directes sur l’organisation des procédures de qualification (PQ) étaient les suivantes : 2 mètres de distance ou port du masque obligatoire, maximum de 5 personnes par salle ou épreuve d’examen (experts compris).

Difficultés d’organisation aux niveaux national et cantonal

Il a d’abord fallu trouver un consensus au niveau national pour une PQ de durée réduite dont l’organisation soit admissible en termes de ressources d’experts (en provenance d’entreprises avec leur propre crise sanitaire à gérer), d’infrastructures et financières (surcoûts engendrés). Ensuite, il était question d’intervenir au niveau cantonal. Il s’agissait de convaincre le canton de Vaud qu’il était possible d’envisager un concept sanitaire – avec un métier pour un centre – permettant d’effectuer l’examen de Travail Pratique Prescrit (TPP).

En même temps, il fallait se tenir prêts avec une demande de dérogation pour appliquer la variante «pas d’examen pratique en Romandie», comme le rappelle Jean Autier. Il était également question de convaincre le canton de Vaud qu’une telle décision impacterait les autres cantons romands qui ne partageaient pas forcément le même avis et que la Romandie serait le seul centre à ne pas réaliser un TPP.

En matière d’organisation et de mise en œuvre, il a fallu mettre en place des restrictions sanitaires dans les infrastructures, nécessitant de revoir complètement la grille horaire. La Romandie ayant le plus grand nombre de candidats «Energie», les conséquences n’étaient pas du tout les mêmes que pour d’autres cantons comme Lucerne ou Coire (avec respectivement ¼ et ½ des candidats). Il tient à coeur à Jean Autier de préciser que «ce défi organisationnel n’aurait pu se faire sans l’équipe Cifer et la disponibilité des experts en provenance des sociétés partenaires.»

Atelier pratique. (Figure: Luc Venditti)

Le souci de la contamination et de la quarantaine

Le centre romand d’examens a particulièrement prêté attention à mettre en place une procédure sanitaire avec un centre médical en cas de suspicion de cas Covid durant la PQ. Un gros enjeu était également de passer le contrôle de l’inspection du travail pendant la procédure afin de ne pas stopper les épreuves d’examen.

Jean Autier relève trois grands soucis qui l’ont accompagné. Tout d’abord, la suspicion ou un cas avéré de Covid durant la PQ dont la conséquence est la mise en quarantaine des candidats ou des experts. A ne pas négliger non plus, la nécessité de rassurer les personnes sur place que tout était mis en œuvre pour que les examens se déroulent dans les meilleures conditions. Enfin, bien appliquer les règles sanitaires dont la distanciation sociale lors des moments de pause ou de latence entre les épreuves. Pour ce faire, des tables individuelles nominatives ont été mises en place.

Des épreuves importantes pour les candidats, gage de qualité

Pour le responsable du développement organisationnel à Cifer, les candidats ont relativement bien vécu leurs épreuves, au regard des circonstances sanitaires. Ils ne semblent pas avoir été impactés par ces mesures et ont bien compris le bien-fondé des dispositions prises. Le climat était bien plus silencieux du fait d’une organisation à 5 personnes (3 candidats et 2 experts).

Pour ce qui est de la suppression nationale de l’épreuve écrite des connaissances professionnelles, Jean Autier pense que c’était un soulagement pour certains candidats. Raoul Pellaton, candidat vaudois aux TPP, ne partage pas cet avis. Il aurait souhaité, avec le recul et les mesures sanitaires mises en place, que ces épreuves aient lieu. «Une histoire de fierté personnelle et de sentiment d’avoir eu le même traitement que les autres années».

Bien qu’une faible minorité aurait espéré ne pas avoir d’épreuve TPP, la plupart des candidats étaient satisfaits de faire un examen, gage de qualité et d’employabilité. Certains ont même remercié Cifer. Raoul Pellaton et Samuel Brügger (candidat fribourgeois) font clairement partie des heureux. Ce dernier de préciser qu’il aurait vraiment eu «le sentiment d’obtenir un CFC au rabais, si les épreuves pratiques avaient elles-mêmes été annulées.»

Encore du potentiel d’amélioration

Si la crise Covid et les enjeux sanitaires en découlant ont bien été gérés, il est important que des entités comme l’OrTra (Organisation du monde du travail pour la formation professionnelle) évoluent dans la compréhension réciproque des situations ou des problématiques différentes des centres. Jean Autier déplore qu’aujourd’hui encore, on puisse entendre ou lire que c’est «à cause de la Romandie» que le TPP complet n’a pas pu être effectué. C’est un fait «inadmissible», selon lui. Il est donc indispensable de tirer les leçons du passé et d’en faire des scénarios pour le futur, avec des variantes «best – base – worst case». Et c’est là que «les centres n’ayant pas de souci organisationnel lié à leur faible nombre de candidats, doivent clairement mieux être à l’écoute des autres.»

Au niveau des restrictions imposées, notamment pour le nombre de personnes, les tendances des formations certifiantes ont évolué avec l’expérience de gestion de la crise sanitaire. Ainsi, dans le futur, il ne devrait plus y avoir de restriction de 5 personnes pour le TPP, élément qui constitue la principale remise en question organisationnelle. Les gestes barrières étant depuis des mois presque devenus un réflexe, cela devrait favoriser la PQ 2021.

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