Lukas Küng, vous êtes le chef de la commission Ostral depuis le début de l’année. Mais en fait, Ostral, c’est quoi?
Lukas Küng: Ostral, c’est l’organisation pour l’approvisionnement en électricité en cas de crise. Elle devient active en cas de pénurie d’électricité sur ordre de l’Approvisionnement économique du pays (AEP), c’est-à-dire, en fin de compte, sur ordre du Conseil fédéral. L’AES a créé cette organisation pour remplir cette tâche de la Confédération.
Nous vivons dans une époque où le deuxième plus grand risque (une pandémie) pour la Suisse est devenu réalité. Vous avez repris la barre d’une organisation qui devra agir en cas de pénurie d’électricité en hiver, qui représente le plus grand risque pour la Suisse. Arrivez-vous à dormir correctement?
Oui, je dors bien. Néanmoins, quand on m’a proposé ce poste, j’ai tout de même bien réfléchi. J’avais déjà travaillé pour Ostral de 2006 à 2010. À l’époque, tout cela n’en était qu’à l’état embryonnaire. Mais à l’AES, les responsables m’ont montré à quel point l’organisation s’était développée ces dix dernières années. J’en ai été impressionné, et cela m’a convaincu d’accepter le poste. Bien sûr, je me suis assuré auprès de l’état-major de crise de Primeo Energie qu’il assurerait mes arrières et me soutiendrait dans cette tâche.
Votre premier engagement pour Ostral a-t-il joué un rôle décisif dans votre nomination à la tête de la commission?
C’est possible, oui. Mais mon activité professionnelle en tant que directeur de Primeo Netz AG a probablement davantage pesé dans la balance. À ce poste aussi, je suis responsable du réseau, même si ce n’est pas pour tout le pays. En tant qu’ancien membre du Comité de l’AES et ancien responsable de la commission Utilisation des réseaux de l’AES, je dispose en outre de nombreux contacts dans la branche, ce qui est important pour cette fonction.
Quelles sont les tâches qui incombent au chef de la commission Ostral?
Si un cas Ostral survient, nous mettons en œuvre, avec les entreprises d’approvisionnement en énergie, ce que nous avons préparé et ce que l’Approvisionnement économique du pays ou le Conseil fédéral nous imposent.
En ce moment, la Suisse se trouve dans une situation exceptionnelle. Peut-on en retirer certains enseignements pour un cas d’urgence Ostral?
Lors d’une pandémie, les acquisitions numériques telles que la vidéophonie ou les accès à distance, depuis chez soi, à l’infrastructure IT du bureau sont d’une grande importance. Mais, en cas de pénurie d’électricité, ces outils pourraient n’être disponibles que de manière restreinte – en fonction des mesures qui devront être mises en place sur ordre du Conseil fédéral. D’ailleurs, cela est aussi valable pour les quatre autres des six risques principaux: canicule, tremblement de terre, panne d’électricité régionale et tempête. Nous devons y être préparés. La pandémie a montré qu’une prévention des crises correcte et solide valait la peine quoi qu’il arrive.
Que recommande le chef d’Ostral comme provisions d’urgence afin d’être préparé à une pénurie d’électricité?
Si une pénurie d’électricité survient, la demande en bougies, en lampes frontales, en piles et en batteries externes (power banks) va grimper en flèche. Ces biens seront rapidement en rupture de stock: il est donc judicieux d’en constituer des provisions.
Bio express
Lukas Küng est directeur de Primeo Netz AG et membre de la direction de Primeo Energie. Âgé de 54 ans, cet ingénieur en génie électrique titulaire d’un doctorat vit à Zoug avec sa famille. Il a pris la succession de Benedikt Loepfe (EWZ) à la tête de la commission Ostral au 1er janvier 2021.