Fin de l’opération de gestion sédimentaire du Haut-Rhône franco- suisse

Débutées le 18 mai, après un report du démarrage de 24 heures en raison de conditions hydrométéorologiques défavorables, les opérations de gestion sédimentaire mixte, coordonnées entre la Suisse et la France, se sont achevées le 29 mai. Malgré un pilotage rendu délicat par les fortes précipitations et les crues des affluents du haut-Rhône (Arve, Valserine, Usses, Fier), CNR comme SIG et SFMCP ont respecté les obligations réglementaires et ont atteint leurs objectifs en matière de transport sédimentaire et de maitrise du taux moyen de matière en suspension tout au long des 12 jours d’opérations grâce à une mobilisation et coordination franco-suisse exemplaires. Ces opérations ont été réalisées avec un triple enjeu : prévenir les risques d’inondation du centre de Genève en cas de crue de l’Arve, maintenir la fonctionnalité de différents ouvrages sur le Rhône tout en préservant l’environnement.
01.06.2021

Il s'agit d'un communiqué de presse de SIG, qui ne reflète pas forcément l'opinion de l'AES.

 

Près de 300 collaborateurs.trices de CNR, SIG et la SFMCP ont été à pied d’œuvre sur le terrain pendant 12 jours afin de garantir le bon déroulement de l’abaissement partiel de Verbois. Il s’agit d’une coopération franco-suisse exemplaire entre les autorités et les opérateurs dans le pilotage de la gestion sédimentaire et la préservation du Rhône.

Le démarrage de l’opération d’abaissement partiel a été retardée de 24h en raison des conditions hydrométriques. En effet, des fortes précipitations ont augmenté le débit des affluents du haut-Rhône et même provoqué une crue des affluents le 17 mai. Ces conditions hydrométéorologiques ont rendu délicat le pilotage des opérations qui consistent à abaisser le niveau du Rhône aux barrages de Verbois, Chancy-Pougny et Génissiat, afin de faciliter le transport sédimentaire.

Verbois abaissée de 12 m, Génissiat 13 m

Sur la retenue de Verbois, le niveau du Rhône a été baissé de moins de 12 mètres sous la côte normale de la retenue. A Génissiat, c’est un abaissement de 13 mètres sous la cote minimale d’exploitation qui a été réalisé.

Cette opération de gestion sédimentaire a pour but de limiter le risque d’inondation du centre de Genève en cas de crue de l’Arve. Cet objectif a été atteint : 1,2 million de tonnes a été évacué à Verbois et 1,9 million de tonnes à Génissiat. Un résultat jugé très correct par les opérateurs compte tenu des conditions hydrométéorologiques complexes auxquelles ils ont été confrontés. Les sédiments s’écouleront dans le lit du Rhône jusqu’en Méditerranée.

Cette gestion sédimentaire est pilotée avec un objectif de préservation de l’environnement et de la biodiversité. C’est pourquoi la qualité de l’eau est contrôlée 24h sur 24h en surveillant de nombreux paramètres notamment la concentration de matières en suspension (MES) - que sont le sable, le limon, etc.-

Des centaines de milliers de mesures en continue de ces MES, couplées à des centaines de prélèvements manuels, ont été effectués en continu durant les 12 jours de l’abaissement. Le taux de matière en suspension s’est établi en moyenne à 3,3 grammes par litre sur le tronçon genevois du Rhône et à 3,8 grammes par litre à la station de Seyssel pendant toute la durée de l’abaissement partiel du Rhône. C’est inférieur à la limite maximale fixée par les autorités franco-suisses de 5 grammes par litre, soit l’équivalent d’une cuillère à café dans un litre d’eau.

Le 23 mai, la limite maximale des MES a toutefois été dépassée à Pougny pendant 43 minutes au lieu des 30 minutes autorisées par la règlementation, suite à une manœuvre de vannes réalisée à Verbois pour réduire le débit au moment de la crue de plusieurs affluents. Les autorités franco-suisses ont très rapidement été informées de ce dépassement très ponctuel. CNR a effectué des manœuvres de Génissiat à Belley pour atténuer le plus rapidement possible ce pic de MES. Cette réactivité et ces manoeuvres ont permis de limiter le taux de MES en France qui n’a pas dépassé à Seyssel (station de référence pour la France) le seuil réglementaire maximum. Des contrôles effectués côté SIG par des biologistes n’ont pas mis en évidence d’impact sur la faune piscicole.

Les pêches de sauvetage réalisées dans les étangs asséchés, côté suisse, ont permis de recueillir 14’000 poissons de 17 espèces différentes pendant la durée de l’abaissement. SIG remercie les milieux de la pêche, les associations et les bénévoles qui ont contribué au sauvetage de la faune piscicole. Cet été, les vannes du barrage du Seujet seront laissées ouvertes plusieurs fois pour favoriser la recolonisation de la faune piscicole.

« Nous sommes conscients des impacts sur la faune et la flore et nous améliorons nos procédures à chaque opération afin de les réduire, explique Gilles Garazi, Directeur exécutif de la Transition énergétique à SIG. Nous avons creusé et rendu plus profonds plusieurs étangs à proximité du Rhône. Les poissons pourront rester dans leur environnement lors des prochains abaissements. »

Côté français, environ 400 kg de poissons ont été extraits lors de pêches de sauvegarde préventives pour être transférés dans des zones plus favorables.

En parallèle, la surveillance et la protection des zones d’intérêt écologiques constituées par les vieux-Rhône francais de Belley, Brégnier-Cordon et Chautagne, ont été parfaitement assurées, avec des conditions hydrométéorologiques cette année particulièrement favorables à la biodiversité qu’ils abritent (hydrologie permettant notamment une bonne oxygénation et températures de l’eau favorables) et l’alimentation du Vieux-Rhône de Chautagne a pu ainsi être maintenue en continu, ce qui est une première lors de telles opérations.

Les deux opérateurs tiennent à souligner que la collaboration a été excellente cette année. Le contexte sanitaire a en effet encouragé à la mise en place de nouveaux moyens de communication, ayant permis des échanges plus fréquents entre les opérateurs et ainsi resseré les liens.

« Ces opérations démontrent qu’avec une excellente coordination, on peut concilier à la fois les enjeux de sécurité, avec l’évacuation des sédiments, et le respect de la biodiversité, en limitant l’impact des opérations sur la faune et la flore», a déclaré Elisabeth Ayrault, Présidente Directrice Générale de CNR.

Enfin toutes les mesures sanitaires mises en place pour cet abaissement ont fait leur preuve, aucun cas de Covid n’a été relevé parmi les 300 collaborateurs.trices engagé.es chez CNR, SIG et la SFMCP pour assurer le bon déroulement de cette opération.

SIG et CNR établiront une analyse détaillée d’ici la fin de l’année du déroulement de l’abaissement partiel du Rhône et de son impact sur l’environnement. Celle ci permettra de définir les objectifs et les pistes d’amélioration des prochaines opérations de gestion sédimentaire, qui devraient avoir lieu en 2024 ou 2025, ainsi que les volumes de dragages éventuels et complémentaires à réaliser dans l'intervalle.

Une gestion de déchets immergés pendant l’opération

Durant ces 12 jours, le niveau bas du Rhône a permis à SIG et CNR d’effectuer des opérations pour la gestion des déchets immergés. Côté suisse, un scooter, 5 vélos, des bobines de cuivre (vides), un chariot de supermarché et 4 coffres-forts ont été retirés par SIG de sites habituellement inaccessibles. Appuyée par les associations locales de pêche et en partenariat avec le Syndicat du Haut-Rhône (SHR), les équipes CNR déployées sur le terrain pour les suivis environnementaux et piscicoles ont poursuivi la cartographie de certains secteurs du Rhône vis-à-vis des macro-déchets enchassés dans les berges. Des opérations d’enlèvement seront ensuite programmées en lien avec les collectivités locales avec un volet pédagogique (partenariat avec le Centre Permanent d'Initiatives pour l'Environnement Bugey Genevois, France Nature Environnement Haute-Savoie et avec les établissements scolaires). (sig-ge)