Les compromis seront nécessaires pour avancer

Le nouveau Parlement élu en octobre était le sujet principal de l’édition 2019 de la manifestation de l’AES intitulée «Thèmes-clés de la politique énergétique», qui s'est déroulée à Lausanne le 12 novembre dernier et a affiché une participation record à l’aube de la nouvelle législature.
14.11.2019

Dans son introduction, Michael Wider, président de l’AES, a déclaré qu’à l’avenir, nous devrons rapprocher nos pensées commerciales des lois physiques pour un meilleur équilibre sur les autoroutes électriques. Benoît Revaz, directeur de l’OFEN, a rappelé le rôle systémique du pompage-turbinage en Suisse dans une perspective de sécurité de l’approvisionnement et pour la mise en œuvre de la Stratégie énergétique 2050. Selon lui, avec l’augmentation prévue de l’électrification dans les domaines de la mobilité et du bâtiment, les entreprises de la branche ont un marché à capturer 4 à 5 fois supérieur au marché actuel.

Quel cap pour le voyage de politique énergétique?

Animé par Bernard Wuthrich, responsable de la politique fédérale du quotidien Le Temps, un débat a réuni Adèle Thorens (Les Verts/VD), fraîchement élue au Conseil des États, et le Conseiller national Philippe Nantermod (PLR/VS). Après le succès des Verts aux élections, Adèle Thorens s’attend à pouvoir renforcer la pression pour une transition rapide, toujours en appliquant une politique de consensus et en créant des alliances avec le centre. Pour elle, il ne faut pas toujours associer une victoire des Verts à de nouvelles taxes. Certaines taxes sont incitatives: elles sont mises en place dans le but de faire changer les comportements et non de les payer. Les recettes sont ensuite redistribuées intégralement à la population.

Adèle Thorens et Philippe Nantermod aux Thèmes-clés de l'AES

Michael Wider et Benoît Revaz aux Thèmes-clés de l'AES

Philippe Nantermod adhère au principe du pollueur-payeur, qui est un principe libéral. Il convient cependant d'éviter une explosion de la fiscalité en diminuant d’autres taxes. Pour lui, il faut revenir à une logique de marché dans le secteur électrique. La limitation de la RPC dans le temps était une condition sine qua non pour l’acceptation de la Stratégie énergétique par le PLR. Selon lui, la RPC est une partie du problème et non de la solution. Il suggère d'abolir la RPC et d'arrêter les distorsions du marché, dues notamment aux subventions allouées à l’étranger. Une possibilité serait d’introduire des mécanismes de taxation sur les importations pour compenser les effets négatifs des subventions à l’étranger, comme le PLR l’a déjà proposé. Il a ajouté que lorsqu’on accordait des subsides, il était ensuite impossible de les retirer. Or, nous voulons développer un marché sur des bases solides et non un marché d’assistés.

Dans son état des lieux du point de vue de la branche électrique, Dominique Martin, responsable des Affaires publiques et membre de la direction de l’AES, a insisté sur le fait que la branche électrique devait mettre à profit la fenêtre d’opportunité actuelle pour apporter son expertise et contribuer activement à façonner l’avenir énergétique de notre pays. Martina Mousson, directrice de projet chez gfs.bern, a évoqué les changements d’influence au sein du nouveau Parlement. Le nombre élevé de nouveaux élus demandera d’établir de nouvelles connexions au niveau du lobbying et d’identifier des relais intéressants.

Et du côté de Bruxelles

Gaël Glorieux, Manager Strategic Communications d’Eurelectric, a expliqué les derniers développements au niveau de la Commission européenne, qui a lancé l’idée d’un «Green deal» allant bien au-delà du Clean energy package, lui-même encore en phase de mise en œuvre au sein des États membres. Mme Glorieux a aussi relevé que le Parlement européen est plus atomisé qu’avant; comme en Suisse, il doit créer des alliances pour obtenir une majorité.

Dans sa conclusion, Michael Frank, directeur de l'AES, a mentionné les thèmes qui resteront d’actualité dans la prochaine législature, comme la sécurité d’approvisionnement, surtout hivernale, la production d’énergie renouvelable indigène et les discussions autour de la protection de l’environnement. À l’avenir, nous devrons éviter de rester dans des silos. La branche doit prendre le départ en première ligne pour obtenir la chance d’arriver parmi les premiers au but. L’une des clés pour y parvenir est l’innovation pour des solutions pragmatiques et non dogmatiques.