Situation de pénurie : les entreprises suisses sont confrontées à des problèmes d’approvisionnement et de rareté de l’énergie

Une récente enquête menée par economiesuisse montre que les entreprises suisses sont toujours confrontées à une pénurie de produits semi-finis importants. La situation ne s'est que légèrement détendue cet été. La prochaine pénurie s’annonce déjà : une entreprise sur trois est actuellement confrontée à des problèmes d’approvisionnement en énergie. Et les perspectives ne laissent rien présager de bon. De larges pans de l’économie helvétique redoutent une hausse encore plus marquée des prix de l’électricité au cours des mois à venir et de nombreuses entreprises s’attendent même à un rationnement. Malgré les ajustements opérationnels effectués, trois entreprises sur cinq ne sont pas suffisamment préparées à une pénurie de gaz et d’électricité.
14.09.2022

Il s'agit d'un communiqué de presse de economiesuisse, qui ne reflète pas forcément l'opinion de l'AES

 

L’économie suisse souffre toujours de la pénurie de produits semi-finis et de matières premières. Cet été, seule une légère détente de la situation a été observée par rapport au mois de mai. De nombreuses branches ne parviennent toujours pas à se procurer les matériaux nécessaires. Près de 60% des entreprises interrogées font état de problèmes d’approvisionnement persistants. Les semi-conducteurs restent particulièrement difficiles à trouver. En plus des puces, certains plastiques et produits chimiques font également défaut. 

Outre les goulets d’étranglement notoires au niveau de la production, la guerre en Ukraine joue aussi un rôle non négligeable. Selon la dernière enquête d’economiesuisse, pas moins de 70% des entreprises affirment être directement ou indirectement affectées par ce conflit. Ainsi, aucun signe de détente de la situation n’est encore perceptible six mois après l’éclatement de la guerre. Il y a cependant aussi des évolutions positives : alors que la fermeture des ports chinois en raison de la stratégie zéro covid du pays provoquait encore des retards de livraison au printemps, un nombre nettement moins élevé d’entreprises est désormais confronté à des problèmes de transport par rapport à la situation en mai dernier. Le surplus de demande s’est lui aussi résorbé. Dans de nombreux secteurs, les fortes pressions sur les prix ont déjà freiné quelque peu la propension à l’achat.

Une nouvelle pénurie s'annonce

À l’inverse, les difficultés en matière de recrutement de personnel ne se sont pas atténuées. Une entreprise sur trois peine en effet à recruter de la main-d’œuvre qualifiée. En mai, seul un quart d’entre elles indiquait rencontrer des problèmes d’embauche. La pénurie de main-d'œuvre qualifiée sur le marché du travail suisse a ainsi atteint un nouveau record depuis le début de la pandémie. Pendant la pandémie, de nombreux employé-e-s ont hésité à changer de poste. Au vu des très bonnes perspectives sur le marché de l’emploi, le nombre de changements de poste augmente à nouveau sensiblement et des postes restent vacants plus longtemps.

S’y ajoute un autre défi : plus d’un tiers des entreprises interrogées sont confrontées à des problèmes d’approvisionnement en énergie. Cette situation est principalement liée à la flambée des prix de l’électricité et du gaz. Les entreprises font état de coûts d’approvisionnement en électricité parfois huit fois plus élevés que l’année précédente. Le prix du gaz a presque quadruplé depuis le début de l’année. Le prix de l’essence a également augmenté de plus de 50% depuis le début de l’année. Cela n’est pas sans conséquences : tous les représentants de branches ont signalé que les prix de vente dans leur secteur avaient déjà dû être majorés. Les entreprises s’attendent également à une augmentation des prix au cours des mois à venir – en moyenne de 5 % environ.

L'économie redoute des rationnements 

La pression reste forte. Plus de 80% des entreprises anticipent des prix de l’électricité encore plus élevés. Deux tiers d’entre elles redoutent même de ne pas disposer de suffisamment de courant cet hiver. L’approvisionnement en gaz est également source d’inquiétude : une entreprise interrogée sur trois s’attend à une disponibilité limitée du gaz cet hiver. Plus de la moitié des secteurs interrogés seraient très fortement touchés par une pénurie d’énergie, un tiers assez fortement. En conséquence, de nombreuses firmes essaient de se préparer à un tel scénario du pire.

Pour l’instant, les entreprises se concentrent surtout sur des adaptations visant à améliorer l’efficacité énergétique et à gagner en flexibilité. Trois entreprises sur cinq tentent d’optimiser les processus de production. Environ un tiers d’entre elles prévoient d’investir davantage - dans une efficacité énergétique accrue et dans des sources d’énergie renouvelables. Cependant, les investissements s’inscrivent par nature dans une perspective à long terme. Et les mesures telles que les groupes électrogènes de secours ne sont pas adaptées à tous les secteurs. Par conséquent, de nombreuses entreprises industrielles déclarent qu’elles ne sont pas en mesure de couvrir leurs besoins en énergie pour assurer la production. Les entreprises à forte intensité énergétique se retrouvent dans une situation particulièrement délicate. Face à la pénurie qui guette, elles sont confrontées à une menace existentielle : plus de 60% des sondés révèlent ne pas être préparés à une situation de pénurie d’électricité et de gaz – en dépit des mesures évoquées ci-dessus.

Il est difficile de se préparer, même en prenant des mesures 

Le fait que de nombreuses entreprises ne soient pas suffisamment préparées n’est pas dû à un manque de volonté, mais à un contexte difficile. En cas de rationnement, une partie des entreprises pourraient certes maintenir leur production, mais devraient la restreindre, ce qui entraînerait inévitablement des coûts. Pour une grande partie d’entre elles, un rationnement serait encore plus grave : un tiers des entreprises affirment qu’elles ne pourraient pas maintenir leur activité en cas de réduction de l’approvisionnement en électricité et en gaz. Cela concerne en particulier les installations de production. Toutefois, la disponibilité de l’énergie constitue l’aspect le plus important : tous secteurs confondus, les entreprises interrogées indiquent que les pannes et les interruptions de l’approvisionnement en électricité auraient les effets les plus dévastateurs.

L’impact de la pénurie d’énergie sur la croissance économique dépendra essentiellement de l’ampleur et de la durée des goulets d’étranglement. Les effets ne seront pleinement visibles qu’au cours des prochains mois. Néanmoins, une prévision des entreprises sondées donne déjà à réfléchir : la majorité d’entre elles s’attend à ce que l’approvisionnement en énergie en hiver reste un défi également pendant les années à venir. (economiesuisse)