Centrale nucléaire de Leibstadt : évènement classé INES 1 lors de l’entreposage du séparateur d’eau

Dans la centrale nucléaire de Leibstadt a eu lieu le 20 septembre 2018 une augmentation inattendue du débit de dose à l’endroit où était entreposé le séparateur d’eau. L’Inspection fédérale de la sécurité nucléaires IFSN a classé l’évènement au niveau 1 de l’Echelle internationale des évènements nucléaires et radiologiques INES. L’autorité de surveillance définit désormais deux exigences envers la centrale nucléaire de Leibstadt.
07.02.2019

Le 20 septembre 2018, la centrale nucléaire de Leibstadt KKL se trouvait en révision principale annuelle. Pendant cet arrêt de production, le séparateur d’eau a été retiré et déposé dans une piscine d’entreposage spéciale. En raison du mauvais fonctionnement d’une vanne de cette piscine d’entreposage, un joint d’étanchéité s’est partiellement rompu. Par conséquent, le niveau d’eau dans la piscine d’entreposage du séparateur d’eau s’est abaissé et la protection contre le rayonnement assurée par l’eau a été affaiblie.

Le séparateur d’eau

Le séparateur d’eau se situe au-dessus des éléments combustibles pendant le fonctionnement en puissance. Il sert à retirer l’eau contenue dans la vapeur montant depuis le cœur du réacteur. Le séparateur d’eau constitue l’une des nombreuses mesures permettant de maintenir à un niveau faible la teneur en gouttelettes d’eau de la vapeur circulant à travers les turbines. Il est ainsi possible de réduire l’effort réalisé sur les pales des turbines par la forte vitesse des gouttes d’eau qui arrivent sur elles. Pour permettre à la machine servant au chargement d’enlever les éléments combustibles du cœur du réacteur, le séparateur d’eau doit être retiré de la cuve sous pression du réacteur au début de chaque révision annuelle.

Le débit de dose mesuré est passé de 0,06 mSv/h à 2 mSv/h. Aucune substance radioactive n’a été rejetée dans l’environnement. Les limites de dose n’ont pas été dépassées pour le personnel exposé professionnellement.

Une erreur humaine conduit à un niveau INES 1

Après un examen détaillé, l’IFSN classe cet évènement au niveau 1 (anomalie) de l’Echelle internationale INES. L’IFSN donne à cet évènement un niveau plus élevé que celui attribué par la centrale à cet évènement, un INES 0 (aucune importance pour la sécurité).

Les raisons de ce niveau plus élevé attribué par l’IFSN résident dans l’apparition de multiples erreurs humaines dans l’ensemble du processus de travail de la centrale nucléaire de Leibstadt (CNL). La CNL s’est écartée de ses propres spécifications et normes opérationnelles et n’a réussi à garantir que partiellement l’assurance qualité de ses employés.

L’évènement montre également que les mesures, issues de l’analyse des causes des erreurs humaines antérieures, n’ont eu aucun effet sur les domaines « travail » et « organisation ».

Mesures de l’IFSN pour l’amélioration de la culture de sécurité

« Malheureusement, il y a eu toute une série de cas d’erreurs humaines à la CNL ces dernières années », explique Georg Schwarz, directeur adjoint et chef de la division Centrales nucléaires de l’IFSN,. « L’IFSN a donc pris des premières mesures pour améliorer durablement la culture de la sécurité dans à la CNL », ajoute-t-il.

L’IFSN définit deux exigences

Concrètement, l’IFSN exige deux mesures de la CNL dans le cadre de cet évènement. Premièrement, la CNL doit analyser cet incident et expliquer pourquoi les mesures prises jusqu’à présent n’ont eu aucun effet. Sur la base de ces constatations, elle doit adapter ses mesures si nécessaire.

Et deuxièmement, la CNL doit vérifier pourquoi un appareil de mesure de débit de dose n’a pas laissé entendre  de signal d’avertissement acoustique et quelle était l’importance de l’absence de ce signal pour le déroulement de l’évènement. (IFSN)